Création d’entreprise : les Français plus frileux que leurs voisins européens
Création d’entreprise : les Français plus frileux que leurs voisins européens
Dix ans après la création du statut d’autoentrepreneur, l’attrait des Français pour la création d’entreprise se confirme. Plus d’un Français sur quatre (28%) a envie de sauter le pas pour créer, reprendre une société ou de travailler à son compte, d’après un sondage OpinionWay pour l’Union des autoentrepreneurs et des travailleurs indépendants et la Fondation Le Roch-Les Mousquetaires, publié une semaine avant le Salon des entrepreneurs qui se tiendra à Paris les 6 et 7 février. Et cet engouement se concrétise, comme on a pu l’observer à travers le niveau record de créations d’entreprises enregistré en 2018.
La moitié de ces potentiels entrepreneurs souhaite créer son entreprise tout seul, avec un statut de micro-entrepreneur (ex-autoentrepreneur). Les autres opteraient plutôt pour une société classique (seul pour 34%, ou à plusieurs pour 14%). L’attrait pour la microentreprise – dont les plafonds de chiffres d’affaires autorisés ont été doublés au 1er janvier dernier – a d’ailleurs été observé l’an dernier (+28% de créations en un an).
Les Français sont toutefois moins enthousiastes que certains de leurs voisins européens. Plus de la moitié des Espagnols (55%) et des Britanniques (51%) interrogés expriment le désir d’être à leur compte. Les Français sont aussi moins pressés. Seulement la moitié envisage de se lancer dans les deux ans à venir, alors qu’en Espagne ou en Allemagne, ils sont plus des deux tiers à se projeter dans ce laps de temps.
Un moyen de se créer un emploi
Malgré tout, le salariat garde le vent en poupe. 63% des Français interrogés – parmi des actifs, lycéens et étudiants – souhaitent travailler en tant que salarié, uniquement. Ils sont 66% au Royaume-Uni et même 71% en Allemagne. Le statut de travailleur indépendant ou d’autoentrepreneur est surtout considéré comme un moyen de se créer un emploi, pour 88% des Français (92% des Espagnols et 93% des Allemands et Britanniques). En France, seulement 53% considèrent qu’être à son compte peut permettre de bien gagner sa vie. Et un peu moins d’un sur deux (48%) estime que c’est un statut valorisé par la société. Sur ces deux derniers points, les Britanniques sont les plus optimistes: 90% estiment qu’on peut vivre très confortablement en étant indépendant et 81% considèrent que c’est un statut socialement valorisé.
Les principaux freins à l’entreprenariat? Le manque de couverture sociale est cité dans tous les pays comme la principale difficulté (52% en France, 49% au Royaume-Uni, 66% en Allemagne et 76% en Espagne), devant la gestion complexe des procédures administratives ou la difficulté à obtenir un crédit.
En France, le gouvernement a engagé depuis le 1er janvier 2018 une réforme de la couverture sociale des travailleurs indépendants. «Il y a eu de véritables avancées, avec la mise en place du mi-temps thérapeutique et l’alignement du congé maternité des indépendantes sur celui des salariées», expliquait récemment au Figaro Jean-Guilhem Darré, délégué général du Syndicat des indépendants. Depuis le 1er janvier 2019, les nouveaux indépendants – ce sera le cas pour les anciens en 2020 – bénéficient de l’accès au droit des indemnités journalières en cas de maladie, qu’ils soient à jour ou non de leurs cotisations. Et le statut d’indépendant, notamment celui en plein essor des autoentrepreneurs qui travaillent pour des plateformes numériques, du type Uber ou Deliveroo, devrait encore évoluer à l’avenir. Ces indépendants, qui dénoncent régulièrement la précarité de leurs conditions de travail, réclament en tout cas plus de protections.